
C’était un rêve de gosse. Quand l’esprit se perdait dans les replis des atlas de géographie. Quand l’imagination s’envolait à la lecture des récits d’explorateurs vers cet « Himalaya, continent secret », que décrivait Michel Peissel en 1977 ; ou à la contemplation des photos diaprées de Shiro Shirahata qui me transportaient, adolescent, des Alpes à l’Himalaya et aux confins du Karakoram.
Depuis toujours, j’ai la passion de la montagne. Pendant très longtemps j’ai rêvé, sans savoir par où commencer, de découvrir les grandes chaînes d’Asie centrale, ce toit du monde où les forces de la création sont toujours à l’oeuvre, projettent la roche et la glace à des hauteurs prodigieuses et creusent la terre en des falaises et des gorges vertigineuses. Ce point nodal où convergent, depuis l’Antiquité, religions, empires et civilisations. Ce lieu hors du temps, comme en suspension, et pourtant infiniment fragile.
Et puis, avec quelques amis, j’ai franchi le pas en 2009, pour mes 40 ans, en partant trois semaines au Ladakh, bastion du bouddhisme tibétain aux confins du Cachemire indien.
Ce fut une expérience mémorable, mais il y manquait encore pour moi le temps de la marche, cette exploration lente du paysage, qui est aussi un voyage intérieur.
Je suis donc reparti en 2010 pour mon premier trekking au Tibet, vers la face cachée de l’Everest, le versant Est, difficile d’accès et très peu fréquenté. Ce fut ma première rencontre avec les géants de l’Himalaya. Un choc et un émerveillement. Depuis, chaque année, je repars à la découverte du monde, en marchant, muni de mon appareil photo et de quelques livres (des classiques, en général). Versants chinois et pakistanais du Karakoram, Montagnes Célestes du Tien Shan, cordillères du Pérou et de Bolivie, côte est du Groenland…
Ces voyages furent pour moi des expériences magnifiques, des moments de sérénité et de joie. J’ai essayé d’en retenir le souvenir dans mes photos, dont le visiteur de ce site trouvera quelques exemples. En espérant qu’il y trouve aussi l’écho de ses propres rêves.
Laurent Vigier
Paris, le 30 décembre 2016