Trek volcanique (Islande, août 2017)

Après avoir fait brièvement étape en 2016 en Islande, sur le chemin du Groenland, j’ai conçu le désir d’explorer plus avant la grande île volcanique de l’Atlantique Nord.  A vrai dire, la popularité croissante de cette destination, synonyme de foule, m’avait fait un moment hésiter. A tort, car en fait les flux touristiques se concentrent sur quelques routes et quelques sites et, très vite, quand on s’écarte des sentiers battus, la nature reprend ses droits, intacte, sauvage et magnifique. Pour cette exploration, je choisis de parcourir un circuit original, le trek volcanique, entre les deux grands glaciers du sud de l’île, le Vatnajökull et le Mýrdalsjökull. Cet itinéraire, très peu parcouru, et sans difficulté particulière hormis la longueur des étapes, jusqu’à 25 kilomètres par jour, emprunte sur 130 kilomètres les chemins de traverse pour relier le mont Sveinstindur, splendide point de vue sur le lac Langisjór au pied du Vatnajökull, à la spectaculaire vallée de Landmannalaugar, avec ses reliefs volcaniques polychromes de cendres et de rhyolite, en passant par Eldgjá, la faille de feu créée par une des plus grandes éruptions volcaniques de l’histoire, juste avant l’an Mil, le lac Álftavatn, les magnifiques canyons autour du mont Laufafell et les paysages spectaculaires de la vallée Reykjadalur avec les panaches de vapeur de ses sources géothermales. De ce trek islandais, je retiendrai le jeu sans cesse changeant de la lumière du grand nord, la polychromie des paysages, l’eau omniprésente et le sentiment de grands espaces qui, parfois, évoquent les plateaux du Tibet ou de l’Altiplano andin (lien vers les photos de ce trek).

Al Ula, ancienne cité nabatéenne d’Hégra (Arabie Saoudite, février 2017)

Connue pour abriter les deux lieux les plus saints de l’Islam et les plus importantes réserves de pétrole au monde, l’Arabie Saoudite l’est moins pour son patrimoine culturel pré-islamique ou pour la beauté de ses paysages. Situé pourtant aux croisements de très anciennes routes commerciales et au voisinage des plus anciennes civilisations antiques, avec lesquelles ses populations d’alors entretenaient de denses relations économiques, spirituelles et culturelles, le Royaume d’Arabie Saoudite recèle un héritage historique  et naturel longtemps négligé et qui, à l’initiative des nouvelles autorités du pays, commence tout juste à sortir de l’ombre.

J’eus ainsi la chance, en février 2017, de visiter la région d’Al Ula, dans la province de Médine, où se concentrent des paysages désertiques d’une beauté incroyable et les vestiges de très anciennes civilisations. Avec, notamment, le premier site du pays classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Madâin Sâlih, l’antique cité nabatéenne d’Hégra qui, entre le premier siècle avant JC et la conquête de la région par l’empereur romain Trajan en 106 après JC, a pu rivaliser avec le site bien plus connu (et bien plus fréquenté aujourd’hui) de Pétra, en Jordanie. Fouillé par une équipe française, ce site exceptionnel recèle également de nombreux vestiges plus anciens des royaumes de Dedān (7ème-6ème siècles avant JC) et de Lihyan (6ème-2ème siècles avant JC). Habitée en continu depuis plus de 3000 ans, l’oasis d’Al-`Ula offre  ainsi l’opportunité d’un autre regard sur la complexité et la profondeur historique de cette région du monde (lien vers les photos de ce voyage).

Est du Groenland : Trillingerne et fjord Sermilik (août 2016)

 

En 1948, au sortir de la Résistance dans les maquis de Savoie, mon père, Philippe Vigier, eut la chance extraordinaire de participer, en tant que jeune médecin, à la première des Expéditions Polaires Françaises au Groenland, conduite par l’explorateur Paul-Emile Victor, expédition retracée dans le film épique du cinéaste Jean-Jacques Languepin, Terre des Glaces.

Ses récits ont enchanté mon enfance et mon adolescence. Aussi, presque 70 ans plus tard, et pour le vingtième anniversaire de sa mort, j’ai souhaité mettre mes pas dans ceux de mon père et partir à la découverte de la grande île arctique. Seul, avec un ami et un guide, en autonomie complète, lesté d’un  sac de 20kg, j’ai ainsi parcouru plus de 150 km hors de tout sentier sur la côte est du Groenland, bordée de hautes montagnes au caractère très alpin, avant d’explorer les abords du fjord Sermilik et du fjord Johan Petersen. Expérience parfois physiquement éprouvante mais dans des ambiances extraordinaires, dans un sentiment d’isolement et de sérénité magnifique… A l’ombre de la calotte glaciaire, monde à part qu’évitaient les anciens Inuits qui y voyaient le domaine interdit des esprits (lien vers les photos de ce trek)…

Traversée de la Cordillera Real (Bolivie, août 2015)

J’avais gardé un très beau souvenir de mes premiers treks dans la Cordillère des Andes, au Pérou en 2013. Aussi, en 2015, je décidais de revenir en Amérique Latine pour un nouveau défi, la grande traversée de la Cordillera Real de Bolivie. A vrai dire, la curiosité pour cette région était liée à ma vieille passion pour les cartes et les atlas géographiques qui, un temps autrefois, avaient attribué, à tort, une altitude de plus de 7000 m à l’un des hauts sommets de cette chaîne, l’Ancohuma, ce qui en aurait fait le point culminant des Amériques. L’altitude réelle de ce sommet fut ensuite réévaluée à 6427 m, mais cette erreur avait de quoi intriguer. Demeurait pour moi autour de ces montagnes un air de mystère, de solitude et d’aventure. Pourtant, avant de partir à leur découverte, il fallait s’acclimater à l’altitude et cela commençait dès la descente de l’avion, à la Paz, plus haute capitale du monde à près de 4000m…
Avant d’aborder la grande traversée de la Cordillera Real, mon acclimatation devait se poursuivre quelques jours par la visite de la cité pré-inca de Tihuanaco (Tiwanaku), qui servit d’inspiration au dessinateur Hergé pour son album Tintin et le Temple du Soleil, puis une courte randonnée sur l’Ile du Soleil, au milieu du Lac Titicaca. L’aspect parfois méditerranéen du paysage pouvait faire un moment oublier l’altitude de cette vaste étendue d’eau, la plus haute navigable au monde à 3812m. En la traversant dans une petite barque à moteur, je fus cependant pris pendant quelques heures dans une tempête de pluie et de neige mouillée, façon de rappeler au voyageur la force des éléments. Pendant ce temps, la Cordillera Real se couvrait d’une épaisse couche de neige…
Après le tour de la Cordillera de Huayhuash, au Pérou, en 2013, la grande traversée de la Cordillera Real de Bolivie s’est avérée pour moi une réelle aventure andine. J’avais choisi de réaliser ce long trek très peu fréquenté, 13 jours en haute altitude, avec parfois plusieurs cols à 5000 m à passer dans la même journée, en autonomie, seul avec un guide et un muletier. Les conditions furent assez difficiles en l’absence le plus souvent de sentier et dans une ambiance presque hivernale, après la tempête que j’avais essuyée sur le lac Titicaca et qui avait couvert la cordillère de neige. Mais l’ambiance de ce trek est magnifique, le sentiment d’isolement puissant, propice à l’émerveillement et à la méditation. Et l’ascension du Pico Austria, splendide belvédère à 5300 m face au Condoriri, le dernier jour, demeure un très beau souvenir (lien vers les photos de ce trek)…

Boukhara et Samarcande (Ouzbékistan, août 2014)

Après le Kirghizistan, mon voyage dans les ex-républiques soviétiques d’Asie Centrale se poursuivit par l’Ouzbékistan et ses oasis mythiques sur la Route de la Soie. Après un voyage en train depuis Tashkent, la capitale du pays, la première étape fut Boukhara, admirable ville où il fait bon se perdre dans les bazars et cheminer par les ruelles et les places à la tombée du jour, quand le soleil couchant teinte d’ocre les coupoles des madrasa et des anciennes mosquées (lien vers mes photos de Boukhara)…

Samarcande, une des plus anciennes villes du monde, capitale de l’antique Sogdiane conquise jadis par Alexandre le Grand, puis carrefour d’innombrables peuples, religions et cultures : comment ne pas rêver à l’évocation de ce nom… Et pourtant, cette seconde étape en Ouzbékistan fut pour moi un peu une déception. Loin des ruelles anciennes et du tissu urbain encore préservé de Boukhara, Samarcande est aujourd’hui une ville moderne, où les ruelles anciennes ont cédé la place à de grandes avenues anonymes, bordées de constructions modernes sans grâce. Transformée en attraction touristique, la place du Régistan est un espace largement aseptisé. Pour retrouver l’esprit de ce que fut cette ville, il faut faire abstraction de cet environnement et se perdre dans quelques lieux encore préservés : l’admirable nécropole de Chah e Zindeh ou le Mausolée de Gour Emir, où repose Tamerlan. Là, l’espace d’un instant, au coucher du soleil, le passé revit dans la lumière sur les vieilles pierres et la magie opère (lien vers mes photos de Samarcande)…

Trek du glacier Inylchek (Kirghizistan, août 2014)

De retour en Asie, en août 2014, mon intention était d’explorer les monts Tien Shan, les mystérieuses « Montagnes Célestes », haute chaîne culminant à près de 7500 m, aux confins de la Chine et des anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale. Gardant le souvenir de mon expédition de 2012 au glacier du Baltoro, mon objectif était de remonter un autre fleuve de glace, le glacier Inylchek, de plus de 60 km de long, jusqu’au camp de base du Khan Tengri, le « Seigneur des Esprits », pyramide de glace de 7000 m. Mais les esprits de la montagne sont capricieux et, le 14 août, je fus pris dans une violente tempête qui devait durer trois jours et recouvrir la montagne de plus d’un mètre de neige fraîche… Plus question de poursuivre, malgré le retour du beau temps, le chemin étant barré par les avalanches… Mais occasion unique d’apprécier ces paysages de très haute montagne en conditions hivernales, avant de regagner des altitudes plus clémentes dans un vieil hélicoptère soviétique MI-8 au terme d’un survol spectaculaire du Tien Shan qui me permit, enfin, d’apercevoir le Khan Tengri (lien vers les photos de ce trek)…

Traversée de la Cordillera Blanca et Tour de la Cordillera de Huayhuash (Pérou, août 2013)

Après l’Asie, mes pas m’ont porté en 2013 vers la Cordillère des Andes, et d’abord vers le Pérou et ses grandes cordillères tropicales, plus compactes et moins hautes que les chaines himalayennes, mais offrant néanmoins des paysages magnifiques, d’une grande verticalité et d’une admirable diversité… Le périple a commencé par le trek classique de la Quebrada Santa Cruz, au coeur de la magnifique Cordillera Blanca, qui abrite, avec le Huascarán (6768m), le point culminant du pays (lien vers les photos de ce trek)…

Après la traversée de la Cordillera Blanca, j’ai poursuivi ce voyage au Pérou par un trek réputé pour être l’un des plus beaux au monde, le tour de la Cordillera de Huayhuash, 12 jours durant à des altitudes moyennes voisines de 5000m, et souvent supérieures. Dominée par les hautes cimes du Yerupajá Grande (6635m) et de la Siula Grande (6344m) -rendue célèbre par le récit autobiographique de l’alpiniste britannique Simon Yates, Touching The Void (La mort suspendue, 1988) – cette cordillère sauvage et très peu fréquentée fut jusqu’au début des années 1990 la base arrière de la guérilla marxiste du Sentier Lumineux. Terre de glace, d’arêtes effilées et de lacs enchassés entre des parois verticales, la cordillère de Huayhuash demeure pour moi une expérience inoubliable…

Camp de base du K2 et col de Gondogoro La (Pakistan, août 2012)

Après le versant chinois, c’est vers le Karakoram que mes pas me ramenèrent en 2012, mais cette fois du côté pakistanais, pour le trek classique du glacier du Baltoro au camp de base du K2. Ce fut à nouveau un choc, devant des paysages d’une ampleur incroyable, dans ce cirque de Concordia bordé par 10 des 30 plus hauts sommets du monde, dont 4 des 14 sommets de plus de 8000m : K2 (8611m), Broad Peak (8047 m), Gasherbrum I (8068m) et Gasherbrum II (8035m).  Puis au franchissement du col de Gondogoro La, à près de 6000m, sur le chemin du retour vers la vallée de Hushe (lien vers les photos de ce trek)…

Le camp de base chinois du K2 (vallée de Shaksgam, Xinjiang, août 2011)

En 2011, après l’Everest, mon troisième voyage dans l’Himalaya me conduisit à nouveau en Chine, mais cette fois du côté du Xinjiang, dans la vallée désertique de Shaksgam, au revers du Karakorum, jusqu’au camp de base chinois du K2 (8611m). Sur les pas de l’explorateur britannique Eric Shipton, le premier occidental à avoir visité cette région en 1938, nous avons ainsi remonté, avec notre caravane de six chameaux, cette longue vallée pierreuse, traversant, dans des conditions parfois hasardeuses et dans un sentiment d’isolement impressionnant, les chenaux de la rivière gonflée par la fonte des glaciers. Jusqu’à découvrir pour la première fois, au détour d’une crête rocheuse, la face nord, rarement photographiée, du deuxième sommet du monde (lien vers les photos de ce trek)…

Avant de retrouver Kashgar, antique carrefour des caravanes sur la Route de la Soie, dont la ville ancienne a aujourd’hui pratiquement disparu (lien vers les photos du vieux Kashgar), j’eus la chance de croiser sur le chemin du retour, dans la vallée de Shagskam, l’alpiniste autrichienne Gerlinde Kaltenbrunner, qui venait d’achever, dans des conditions éprouvantes, l’ascension de la face nord du K2, devenant ainsi la première femme à avoir réalisé l’ascension des 14 sommets de plus de 8000m…

 

 

La face cachée de l’Everest (Vallée de Kangshung, Tibet, août 2010)

Mon premier voyage dans l’Himalaya, au Ladakh, en 2009, fut une expérience mémorable, mais il y manquait encore pour moi le temps de la marche, cette exploration lente du paysage, qui est aussi un voyage intérieur.

Je suis donc reparti en 2010 pour mon premier trekking au Tibet (lien vers les photos de ce trek), vers la face cachée de l’Everest,  le versant Est, difficile d’accès et très peu fréquenté. Ce fut ma première rencontre avec les géants de l’Himalaya, un choc quand, après une semaine de pluie et de brume glacées, les nuages se déchirèrent au petit matin pour découvrir toute la chaîne du Chomo Lonzo (7816m) au Lhotse (8516m) et à l’Everest lui-même (8848m)… Avant le retour sur une route détrempée par la mousson à Kathmandu, pour des rencontres humaines hors du temps…

…Avant les destructions irrémédiables infligées à la capitale du Népal par le séisme de 2015 (lien vers les photos de ce voyage à Kathmandu)…