Connue pour abriter les deux lieux les plus saints de l’Islam et les plus importantes réserves de pétrole au monde, l’Arabie Saoudite l’est moins pour son patrimoine culturel pré-islamique ou pour la beauté de ses paysages. Situé pourtant aux croisements de très anciennes routes commerciales et au voisinage des plus anciennes civilisations antiques, avec lesquelles ses populations d’alors entretenaient de denses relations économiques, spirituelles et culturelles, le Royaume d’Arabie Saoudite recèle un héritage historique et naturel longtemps négligé et qui, à l’initiative des nouvelles autorités du pays, commence tout juste à sortir de l’ombre.
J’eus ainsi la chance, en février 2017, de visiter la région d’Al Ula, dans la province de Médine, où se concentrent des paysages désertiques d’une beauté incroyable et les vestiges de très anciennes civilisations. Avec, notamment, le premier site du pays classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Madâin Sâlih, l’antique cité nabatéenne d’Hégra qui, entre le premier siècle avant JC et la conquête de la région par l’empereur romain Trajan en 106 après JC, a pu rivaliser avec le site bien plus connu (et bien plus fréquenté aujourd’hui) de Pétra, en Jordanie. Fouillé par une équipe française, ce site exceptionnel recèle également de nombreux vestiges plus anciens des royaumes de Dedān (7ème-6ème siècles avant JC) et de Lihyan (6ème-2ème siècles avant JC). Habitée en continu depuis plus de 3000 ans, l’oasis d’Al-`Ula offre ainsi l’opportunité d’un autre regard sur la complexité et la profondeur historique de cette région du monde (lien vers les photos de ce voyage).